91 - Le "premier tour" à Sérifontaine, 60 ans d'histoire
Par Jacques Favier le vendredi, mars 25 2022, 15:47 - Identité de Sérifontaine - Lien permanent
MISE À JOUR LE 11 AVRIL (voir en bas de page)
La façon dont la France élit son président n'est pas tout à fait unique au monde, mais elle est très loin d'être commune dans les grands pays démocratiques. Les Français sont rarement conscients de cette curiosité.
A vrai dire seuls ceux qui sont nés avant 1941, et qui étaient majeurs en 1962, ont eu à approuver le mode d'élection du président au suffrage universel que le Général De Gaulle a introduit cette année-là, il y a tout juste 60 ans et non sans susciter à l'époque de violents remous.
Depuis la première expérience en 1965, lorsque la Cinquième
n'avait que 7 ans et que le Général lui tenait encore la main, ils semblent cependant s'être attachés à cette double dramaturgie : au premier tour, dit-on, on choisit, au second tour on élimine.
L'examen des dix premiers tours
sur un bourg comme Sérifontaine donne donc des idées précises sur les choix de sa population et l'évolution de ces choix, comme sur celle de la population elle-même.
En même temps
l'évocation de toutes ces années électorales (et nous sommes quand même quelques uns à les avoir toutes vécues !) provoque chez tout un chacun une série de flash vers son propre passé. Celui-ci ne se découpe pas forcément selon ce calendrier. Où étions nous donc en 65, en 69, en 74, etc ? Quels souvenirs en avons nous ? Où en étions nous de nos vies à nous ? J'essaierai de répondre moi-même à cette question, même si mes souvenirs (et je pense ceux de tous) concernent toujours davantage les seconds tours que les premiers. Les vôtres seront bienvenus !
1965, déjà le crépuscule du Général ?
Nous n'avons pas la télévision.
Mes parents suivent les discours à la radio, et je tente de comprendre ce qui fait réagir mes parents. Ils rient de bon coeur en entendant Mitterrand dire perfidement on me reproche assez d'être un ancien ministre de la Quatrième République... Et qui me reproche cela ? Cet ancien ministre de la Troisième qu'est le général De Gaulle !
.
On m'explique. Mes petits frères, eux, jouent avec les Dinky Toys.
À Sérifontaine, en 1965, sur 986 suffrages exprimés, le Père de la nouvelle République n’en recueille que 468, contre 363 au candidat unique de la gauche, François Mitterrand, 108 à Jean Lecanuet, 24 à Jean-Louis Tixier-Vignancourt, 13 à Pierre Marcilhacy et 10 à Marcel Barbu. Au second tour, avec 500 voix contre 459, le Général De Gaulle n'obtient que 52,1% des suffrages sérifontainois, un score bien mince dans une Oise pourtant assez largement gaulliste. Le Général a pour lui 61,2% des votes à Talmontiers et 81,9% à Flavacourt.
Le gaullisme, déjà, n’entraîne plus la classe ouvrière qu’il avait un temps su disputer au PCF. Mais les choses vont-elles mieux pour celui-ci ?
1969, le chant du cygne du PCF ?
Nous n'avons toujours pas la télévision... Ça nous empêcherait de faire nos devoirs.
Je n'ai rien compris à mai 68, même si je fais partie de ceux qui n'auront pas à se plaindre du vent de liberté qu'ont apporté ce que l'on nomme les événements. Je n'ai pas compris pourquoi les gens avaient voté non et pourquoi cela faisait partir le premier des Français
. Il faudra aussi que l'on m'explique l'affiche sauvage posée par les gaullistes et dénonçant Po Hair, le Nul le plus osé de Paris
. Ce n'est pas le genre de spectacle dont on parle usuellement chez nous.
Les élections présidentielles de 1969 sont surtout marquées par la quasi absence de la gauche non-communiste au premier tour et l'élimination de la gauche au second. Il en ressortira le fameux bonnet blanc, blanc bonnet
A Sérifontaine, où l’on compte 1186 inscrits il y a au premier tour 1031 votants dont seulement 1015 suffrages exprimés. Les électeurs mettent en tête… Georges Pompidou (412 voix), le grand vainqueur des événements de mai 68, suivi de peu il est vrai par Jacques Duclos, figure historique du PCF d’après-guerre qui récolte 390 suffrages. Le parc du vieux château ne portera pas son nom avant une vingtaine d'années.
On a donc 38,4% de vote communiste au premier tour, quand le reste du canton ne lui apporte que 18,6%. A noter que si le reste du canton apporte 45% de ses suffrages à Pompidou, Sérifontaine lui en attribue tout de même 40,6%.
C’est le vote pour le conservateur Poher qui fait la différence : 13,9% à Sérifontaine, 25,3% dans le reste du canton. Suivent le PSU Rocard avec 32 voix, le SFIO Deferre à 21, l’honnête Ducatel à 15 et le trotskyste Krivine, dont c’est la première apparition à 4 voix.
Le trait saillant c’est forcément l’importance du vote Duclos dans cette unique élection présidentielle de la Vème République où il sera donné au PCF de jouer un rôle significatif : 390 électeurs, c’est beaucoup (32,8% des électeurs inscrits) si on compare aux villages voisins (19,5% à Talmontiers où vivent quelques ouvriers ; 8,1% à Flavacourt bourg tout rural) mais cela reste cohérent par rapport aux consultations municipales. En gros, c’est la population ouvrière.
1974, Mitterrand élu au premier tour à Sérifontaine ?
La télévision est (enfin!) arrivée dans notre salon, mais nous n'étions pas là !
C'était le dernier jour des vacances de Pâques. J'aidais mon père à mettre les sacs dans le coffre quand il a allumé la radio et que nous avons entendu la fin d'une phrase le Conseil Constitutionnel se réunira donc à midi pour constater la vacances du pouvoir
. Ensuite musique classique et lugubre durant les 6 heures de route.
Mais ça y est, je suis d'âge à comprendre, à donner mon avis et à tracter (quelques minutes) même si je ne suis pas encore d'âge à voter. Badaud comme tout parisien, j'irai voir le président à la démarche féline entrer à pied dans son Palais.
En 1974 Sérifontaine compte 1250 électeurs inscris, une centaine de plus en dix ans, mais sans modification sociologique patente. L’heure de la désindustrialisation n’a pas encore sonné. On fait encore la fête ! Et Giscard
ne ménage ni son charme ni ses talents pour donner un coup de jeune à la France en voie de sortie du gaullisme !
Pourtant, au premier tour des présidentielles, dues au décès du Président Pompidou (dont la photographie n’orne d'ailleurs l’Éclaireur brayon que pour rappeler qu’il avait un cousin en Normandie ! ) le candidat de la gauche unie, François Mitterrand arrive largement en tête à Sérifontaine avec 603 voix (54,2%), quand il n'a fait que 46,1% au niveau du canton, et seulement 43,8% à Talmontiers, ou 22,3% à Flavacourt. Il fait aussi mieux, sur Sérifontaine que l’ensemble de la droite dispersée entre Valéry Giscard d’Estaing (257 voix), Jacques Chaban-Delmas (183) et Pierre Royer (24). Il y a eu 11 Sérifontainois pour voter pour l’écologiste René Dumont, 18 pour Arlette Laguiller et... 4 pour Jean-Marie Le Pen.
1981, changement d'époque ?
Je regarde peu la télévision cette année-là. Pas vraiment la tête à cela : je passe l'agrégation. Pourtant je vais suivre l'impressionnante journée de l'investiture de François Mitterrand, une véritable intronisation. En fin d'après-midi, j'irai le voir Place du Panthéon dans une indescriptible cohue, sous la pluie qui est apparue en fin de journée, tombe de plus en plus drue et risque de mouiller, malgré la bâche transparente, les timbales de l'orchestre de Paris dirigé par Barenboïm qui joue l'Hymne à la Joie et la Marseillaise de Berlioz, la plus belle. Sous les grêlons, je m'exfiltre par la rue d'Ulm où je vais aller sécher mes vêtements détrempés. Je ne saurai jamais où le Président, qui est resté majestueusement stoïque sous les rafales, a pu aller se changer.
Au premier tour c’est Georges Marchais (premier candidat communiste à se présenter depuis 22 ans) qui arrive largement en tête à Sérifontaine, rassemblant sur son nom 407 suffrages, ce qui donne la mesure de l’assise sociologique et politique qui, à défaut de contrôler vraiment la Mairie où Bernard Leduc règne sans partage, approuve son action et jouit sans doute prioritairement de ses bienfaits.
À Sérifontaine, donc, Mitterrand ne bouleverse pas les coeurs.
Le bientôt Président ne recueille que 235 voix, ses bientôt ministres Crépeau et Bouchardeau respectivement 24 et ...1. Cela fait en tout 667 voix pour la gauche de gouvernent, et 694 en lui ajoutant les 27 voix recueillies par Arlette Laguiller : pas franchement mieux que les 683 voix de Mitterrand au second tour de 1974, surtout si l’on compte qu’il y a eu, en 7 ans 172 électeurs supplémentaires inscrits sur les listes municipales, et 135 suffrages exprimés de plus.
Bref la gauche locale ne progresse pas, son assise sociologique est (au mieux) stable et l’éclatement de l’Union de la Gauche doit peser sur la dynamique en faveur du bientôt président socialiste. Point n’est besoin de souligner que le score local de Georges Marchais (32,6%) ne se retrouve ni au niveau du canton (17,1% dans la moyenne des autres communes du canton) ni dans les bourgs voisins (8% à Flavacourt).
À droite, le président Giscard d’Estaing n’obtient à ce premier tour que 235 suffrages (18,8%), dépecé de 199 voix par son ex-premier ministre Jacques Chirac, et accessoirement de 18 voix par le père de la Constitution, Michel Debré devenu sur le soir un outsider et de 14 voix par Marie-France Garaud, en lutte contre tous et même contre son ancien poulain.
1988, Mitterrand, encore
J'ai enfin des idées politiques à peu près claires, que ma première expérience professionnelle, après de longues études et quelques vagabondages à l'étranger, a permis de forger.
Comme Mitterrand je passe le Nouvel An en Egypte (photo). Et j'y retournerai dès la fin mai !
Je vote à Paris. Je n'ai jamais entendu parler de Sérifontaine, ni croisé son nom dans mes études d'Histoire et de Géographie.
Ce scrutin est le seul pour lequel je ne dispose pas de données précises sur Sérifontaine. Je m'appuie donc sur ce qui avait été publié par le journal d'opposition Sérifontaine Info de façon agglomérée : une abstention de 14,4% ; un total des voix de gauche de 55% , de 38% à droite (Jacques Chirac et Raymond Barre et de 11,6% pour Jean-Marie Le Pen, soit moins que son score national (14,4% déjà). A gauche, le PCF représenté par André Lajoinie fait 17% (plus du double de son score national) ce qui laisse 38% à la gauche non communiste comprenant, derrière l'écrasant François Mitterrrand (34% de score national) l'écologiste Antoine Waechter, Arlette Laguiller et Pierre Roussel.
Mitterrand, réélu d'avance fait ni mieux, ni moins bien qu'ailleurs. La ville reste clairement de gauche.
La génération Mitterrand
ici photographiée en 1992 n'a pas fini de tourner en rond...
1995, la fracture sociale ?
Notre famille grandit. Deux enfants dans la génération Mitterrand
, la troisième naitra quelques semaines après le changement de Président, le quatrième juste avant son étonnante auto-dissolution.
Nous commençons à chercher un coin pour passer des week-ends au vert !
Les présidentielles de 1995, placées comme on l’oubliera très vite sous le signe de la fracture sociale, voient le communiste Robert Hue nettement en tête à Sérifontaine : 17,42% des suffrages lors d’une élection marquée par 80,85 % de participation. Le même pèse 16,05% à Gisors, 6% à Talmontiers, un peu moins à Éragny. Cela fait 282 Sérifontainois qui votent communiste, une bonne centaine de moins que 14 ans plus tôt. Ils sont 14,65% soit 237 à porter leur suffrage à Lionel Jospin juste un (ou une ?) de plus que ceux qui voteront pour Le Pen, annonçant déjà le choc de 2002. Lionel Jospin a mieux résisté à Gisors où il est en tête avec 19,91%.
La droite voit le très bourgeois Balladur placé ici devant le plus « social » Chirac avec 221 voix (13,65%) contre 204 (12,60%). Elle pèsera à peine 41% au second tour. Il n’y aura guère de déçus de chiraquisme à Sérifontaine, alors que le nouveau Président obtient 52,3% à Gisors, 54,4% à Talmontiers et 56,5% à Éragny.
2002, coup de tonnerre dans un ciel chargé ?
Depuis 1998 je suis sérifontainois, même si je ne m'y suis pas encore inscrit sur les listes; depuis deux ans je porte la barbe et depuis quelques mois nous avons une petite chienne, qui durant 12 ans, va passionnément aimer Sérifontaine.
Le 22 avril, j'étais en vacances et n'avais donc guère regardé la télévision durant les derniers jours. J'ai voté par procuration et n'ai appris le coup de tonnerre qu'en tournant le contact de ma voiture au sous-sol de l'aéroport. Mon téléphone sonne (j'en ai un vrai désormais, pas un BeBop ou un TamTam) avec des parents ou amis très excités.
Moi je dois traverser la région parisienne pour aller rechercher ma chienne chez mes parents. Aucun souvenir politique de ce terrible 22 avril, véritable orage dans le climat de consensus tacite des élites françaises.
Ce premier tour voit chez nous
une participation de 75% au premier tour. Le score de la gauche est décevant et marque un rejet de la politique de Lionel Jospin, peu lisible (ou trop?) par un électorat qui reste de façon importante ouvrier ou modeste : 13,78%, c’est très sensiblement en-dessous du faible score national du premier ministre de la gauche plurielle
. Et c’est d’abord l’extrême gauche qui en profite, avec 9,81% pour Arlette Laguiller et 3,24% pour Olivier Besancenot. Si on trouve encore 3,65% pour l’écologiste Noël Mamère et 3,40% pour Jean-Pierre Chevènement, dont les messages complexes sont là-aussi en décalage, il ne reste que 7,94% des voix pour le communiste Robert Hue : pas de quoi faire de Sérifontaine le fief stalinien
que dénoncent les adversaires locaux de Bernard Leduc… lequel sera pourtant réélu en 2003.
Et à droite ? Le Président Chirac n’a récolté que 14,83%, un désaveu symétrique de celui infligé ici à son premier-ministre-compétiteur. François Bayrou fait 5%, le chasseur Saint-Josse 4,38%, Corinne Lepage et Christine Boutin à peine moins de 1% chacune. L’étonnant libéral Alain Madelin fait 3%. La surprise du jour est donc ici comme ailleurs constituée par le score de Jean-Marie Le Pen, qui s’élève à 23,83%. Score auquel il convient d’ajouter les 3,73% du dissident frontiste Mégret.
Alors, peut-on dire qu'elle est frontiste, Sérifontaine ? Regardons de nouveau aux alentours. Jean Marie Le Pen a fait mieux en 2002 à Talmontiers, dont la municipalité est alors divers-droite (28,49%) et à Bazincourt (25,74%) sur la rive chic et normande. Certes il fait sensiblement moins à Éragny, (20,68%) et à Flavacourt (19,08%) mais il faut rappeler qu’à Talmontiers on apportait déjà 24% de suffrage à Le Pen au premier tour de 1995...
2007, la tentation Sarkozy ?
Pour la première fois je vote à Sérifontaine et je commence à m'intéresser à sa vie politique.
Vers 15 heures, de l'autre côté de la haie de mon jardin, j'entends une voisine qui est en train d'achever son barbecue familial et hésite encore entre Sarkozy, Bayrou et Marie-Georges Buffet. J'en resterai marqué à vie.
Notre commune est encore présentée comme un fief communiste
et les élections municipales de l'année suivante
entretiendront cette idée, même si la Liste démocratique d'Union Ouvrière
ne gagnera qu'à la faveur d'une triangulaire.
En 2007, Sérifontaine vote largement (83% de participation au premier tour des 1849 électeurs inscrits) et place en tête au premier tour Nicolas Sarkozy, mais avec un score sensiblement plus bas qu’au niveau national : 26,56%, à mettre en regard des 17,48% conservés par Jean-Marie Le Pen.
Difficile dans ces conditions de croire à ce qui sera durant cinq ans l’argumentaire présidentiel d’un Nicolas Sarkozy qui se dit capable de ramener au bercail des institutions convenables les brebis égarées de l’électorat rebelle.
Avec en outre 3,44% pour Philippe de Villiers et 1,52 % pour le chasseur Frédéric Nihous, Nicolas Sarkozy semble perçu davantage comme le candidat d’une droite rajeunie, décomplexée peut-être, mais classiquement conservatrice (voire bourgeoise) que comme le champion sans précédent d’une réforme susceptible de laver la France avec l’instrument que l’on sait.
Le vote Bayrou, dont nul ne sait plus à ce moment où le comptabiliser, s’établit à 12%.
À gauche, Ségolène Royal recueille au premier tour de 2007 un maigre 21,26% des scrutins, très en dessous elle aussi de son score national. Mais la communiste Marie-Georges Buffet reste en dessous, avec 5,30%, d’Olivier Besancenot (5,89%) auquel on peut ajouter les 3,11% de sa traditionnelle rivale Arlette Laguiller.
Tout ceci peut, a minima, permettre de contester l’idée simpliste d’une ville désespérée votant pour des extrêmes.
Sérifontaine est-elle, dès lors, encore une ville de gauche ? Si l’on regarde les scores de Gisors, où Ségolène Royal a obtenu 21,75% des suffrages et Marie-Georges Buffet 5,54% on retrouve pratiquement les mêmes chiffres. C’est du côté du vote frontiste que l’écart est visible : 14,99% à Gisors soit 2,5% de moins qu’à Sérifontaine, Nicolas Sarkozy obtenant en revanche 2 points de plus et François Bayrou 3,5 points de plus.
2012, l'inexorable progression du Front national à Sérifontaine ?
Depuis les dernières élections je me suis enraciné. Une ânesse (photo plus haut) a rejoint notre petite horde.
En 2011 j'ai publié mon livre Sérifontaine, une commune au bord de l'Epte ce qui m'a conduit à interroger des dizaines d'habitants, ou d'anciens. Je perçois des tendances à long terme, je pressens des mutations.
Mon intérêt pour la vie politique locale m'a aussi permis de belles rencontres.
Les élections de 2012 confirment-elles les tendances manifestes cinq ans plus tôt ? Il y a 2005 électeurs inscrits, soit 156 de plus qu’en 2007. On ouvre un second bureau de vote. En réalité le corps électoral s'est renouvelé : vieillissement et mort du « bloc ouvrier » historique, et une parisianisation (cela est encore ressenti comme une arrivée de parisiens) qui est en fait une péri-urbanisation porteuse de nouvelles problématiques.
La participation est élevée : 1614 électeurs soit 80,5% et seulement blancs ou nuls.
Avec 428 voix Marine Le Pen s’impose en tête (27,14%), largement au-delà des 268 voix réalisées par son père cinq ans plus tôt, des 291 voix qu’il avait récoltées au premier tour de 2002 (337 en ajoutant Mégret) et même des 318 de son unique second tour. Elle retrouve, en pourcentage, la somme des scores de premier tour de son père et de Mégret en 2002. Nicolas Sarkozy, symétriquement avec 334 suffrages (21,18%) a perdu 67 électeurs de la population « antérieure ». Marine Le Pen semble donc bénéficier de deux mouvements : le rejet viscéral qu’inspire le président qui s’est présenté comme « le candidat du peuple », mais aussi la mutation sociologique de l’électorat.
François Hollande (le seul président que je n'ai jamais vu de mes propres yeux) dépasse ici comme ailleurs le président sortant : avec 384 suffrages (24,35%) il fait mieux que Ségolène Royal en 2007 (321 suffrages soit 21,16%). Quant à Jean-Luc Mélenchon, déjà candidat vedette de ce scrutin, il obtient 251 suffrages (15,92%) bien au-delà de ce qu’avait pu faire Marie-George Buffet (80 voix) ou Robert Hue (98 voix en 2002). Peut-on dire pour autant qu’il a récupéré ce qu’il reste du « bloc ouvrier » historique, ou du moins de ses survivants ? J’inclinerais à le penser, pour partie du moins. Ajoutons les 26 voix recueillies par le trotskyste Philippe Poutou, les 17 de la communiste révolutionnaire Nathalie Arthaud et les 11 seulement de l’écologiste Eva Joly, les forces de gauche et assimilables réalisent un score de 43,7% dont le candidat « de gouvernement » ne représente qu’une grosse moitié.
En face on a donc presque 50% des voix pour la droite si on additionne aux voix de Marine Le Pen et de Nicolas Sarkozy les 2,92% obtenus par le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. Mais dans ce camp-là, ce sont les forces qui rejettent le système qui forment la majorité.
Difficile, au soir du premier tour, d’extrapoler une mathématique électorale, d’autant qu’il reste l’insaisissable François Bayrou, même si ses suffrages ont ici fondu plus encore qu’ailleurs : 75 suffrages (4,76%) contre 181 en 2007 (11,99%).
La déception et la radicalisation sont ici comme ailleurs le facteur clé de cette consultation. Au sujet du vote pour Marine Le Pen, qui réalise un score de 25% au niveau départemental, Sérifontaine ne saurait de nouveau passer pour le « mouton noir » du coin puisque la candidate frontiste réalise près de 24% à Gisors, 27,3% à Flavacourt, 28,2% à Bazincourt, 30,5% dans la tranquille bourgade normande d’Amécourt, le record du canton s’établissant comme souvent à Talmontiers qui lui accorde 35,9%.
2017
A 60 ans, j'ai à peu près conservé mes convictions, tout en perdant pas mal d'illusions. La campagne, avec son pénible scénario de série télé à rebondissements témoigne du délitement de la monarchie léguée par le Général et de son inadaptation à un état de la société où plus personne, sans doute, n'entraînera au premier tour le quart des inscrits.
Sur 1962 inscrits, on compte à Sérifontaine 408 abstentions ( 20,80% moins qu'au plan national où l'on est à 22,23%) et 28 blancs et 16 nuls. Sérifontaine reste une cité qui vote, mais elle vote aux extrêmes quand la France met dès le premier tour en tête l'improbable M. Macron.
Marine Le Pen arrive en effet nettement en tête avec 596 voix, soit 39,47% des suffrages exprimés, plus que le total des deux suivants qui sont Jean-Luc Mélenchon (296 voix, 19,60% en belle progression ici) et le futur président qui avec 247 voix (16,36%). Ce dernier, avec 7,5% de moins qu'au plan national, ne mord guère dans l'électorat local où il doit apparaître quelque peu décalé, parisien et hors sol. Pour le reste on a MM. Fillon (11,46%) et Dupont-Aignan (5,63%) devant M. Hamon (4,24%) Nathalie Arthaud (19 voix soit 1,26%) et Philippe Poutou (15 voix, soit 0,99%). Les candidats Asselineau, lassalle et Cheminade se partagent les 15 voix restantes.
Au second tout les suffrages exprimés ne dépassent pas 68% des inscrits et Mme Le Pen en recueille 57,35%.
2022
J'avais annoncé que cette page serait actualisée, et fait quelques hypothèses: on regardera avec intérêt les positions de Marine Le Pen (largement devant Éric Zemmour ?), de Fabien Roussel (une résistance notable à Jean-Luc Mélenchon ?) et du président sortant, qui pourrait faire un score plus important que ce qu'imaginaient, il y a peu de temps, des « gilets jaunes » dont la flamme a faibli mais couve sans doute encore sous les cendres. Ne nous refusons pas un petit pari : moins de 10 voix pour Anne Hidalgo ?
Pour l'essentiel c'est cela, même si je rate à une voix prêt pour l'amère de Paris.
On a une participation de 71%. Chose qui n'arrivait pas jadis avec une population politisée, elle est sous la participation nationale (74,8%).
C'est effectivement Marine Le Pen qui, en tête à 40,6% fait 6,6 fois mieux que Eric Zemmour malgré l'affichage massif et parfois invasif de son visage sur la moindre pile de pont et jusque sur les panneaux des autres concurrents. Avec 2,92% le président a effectivement résisté.
En revanche le "roussellement" se révèle n'avoir été à Sérifontaine, jadis fief communiste
qu'un jeu de mot tombant à plat. Le score de Jean-Luc Mélenchon, à 17,7%, est d'ailleurs très inférieur à son score national.
À titre de comparaison, M. Mélenchon fait 30% à Paris... où Mme Le Pen, entre 5 et 6% n'atteint pas les 8% de M. Zemmour. Paris, si proche et si lointain ! Monsieur Macron, réélu avec le choix positif d'un sérifontainois inscrit sur 7 restera, dans notre bourg comme dans tant d'autres, quelque chose d'étranger et d'incompréhensible...