94 - Le monde retrouvé de Lucien-Marie Lefebvre

 Où est cette maison ?  Voilà ce que se sont demandé plusieurs internautes quand un exemplaire de cette photograhie a été mis en vente il y a quelques mois, suscitant un peu de curiosité.

au saussart.jpeg, fév. 2023

On la supposait de Sérifontaine, du fait de la mention manuscrite au revers (et du code 2035 sur le cachet datant du 6 août 1910, pour les experts) mais peu de gens la reconnaissaient, pour la bonne raison que la maison n'est ni à Sérifontaine ni vraiment dans le domaine public.

l'escalier.jpg, fév. 2023La photographie a été prise dans le parc du Saussart, qui est depuis toujours sur le site dit de  la côte de Thierceville  et aujourd'hui sur Bazincourt. On en voit l'escalier blanc sur un autre cliché pris lors de la noce villageoise en avril 1929.

La photographie qui fait l'objet de ce billet, antérieure à août 1910, est une photo-carte, un type de tirage de bien meilleure qualité que les cartes postales, édité en série limitée, souvent pour une occasion spéciale. Mais rien dans ce qui est écrit au dos n'en fait mention... En tout cas le tirage a dû être confidentiel car en plusieurs années, je n'en avais jamais vu passer de comparable.

QUI A ÉCRIT CE TEXTE ?

Voilà ce que je me suis demandé de mon côté, car l'historien est toujours, d'abord, du côté de l'écrit. La réponse était évidemment au dos de la carte, mais au dos seulement, car celui qui l'a signée ne figure pas dans le groupe photographié.

Celui qui a écrit le petit message (que j'invite mon lecteur à lire attentivement) était en effet ... un enfant de 7 ans et demi. Pas une seule faute d'orthographe, de la belle encre violette de l'école... c'était une autre époque, dira-t-on pudiquement.

Lucien-Marie Lefebvre était né le 5 mars 1903 à Bazincourt, fils de Gaston-Auguste Lefebvre et de Marie-Clarisse d'Haëne, tous deux  ouvriers de fabrique  qui s'étaient mariés l'année précédente et dont il était l'aîné. Il avait trois petites sœurs, Germaine née en 1904, Madeleine-Eugénie née en 1906 et Paulette-Jeanne née en 1909. Il aura un jeune frère quelques mois après avoir écrit cette carte et une sœur Noëlla, née deux jours avant Noël 1914. Pas de  Claire  dans la famille, même si sa mère s'appelle Clarisse en second prénom et que sa grand-mère déjà décédée s'appelait Maria-Clara.

Son père, Gaston, était né en juillet 1877 à Neaufles-Saint-Martin, lui-même fils de Victor Lefebvre également  ouvrier de fabrique  et d'Aglaë Lepert. La famille était établie à Neaufles depuis le temps de la Révolution au moins.

Sa mère, Marie d'Haëne, était née en juillet 1881 à Flavacourt, mais en 1902 elle était déjà domiciliée à Bazincourt. Le grand-père d'Haëne, un domestique venu de Belgique, avait mis les voiles 18 ans plus tôt et on ne savait même plus où il habitait. A son mariage Marie d'Haëne était sous la tutelle de sa grand mère car sa propre mère était déjà décédée.

Quand Lucien écrit cette carte au début du mois d'août 1910, son père travaille à Saint-Victor, pour la Compagnie des Métaux. C'est du moins ce qui apparaît au recensement de 1911. Il a peu de chance de figurer sur la photographie, même si je ne peux l'exclure. Si Lucien ne s'est pas servi de cette carte photo par hasard, trouver la raison de son choix et la nature de sa relation avec un débit de tabac proche d'Auneuil sont deux tâches autrement plus ardues que de reconnaître une maison dans le parc du Saussart...

J'ai commencé par explorer le recensement de Bazincourt (il est presque de la même année que la carte) notamment pour identifier  Claire  et regarder un peu du côté des débitants de tabac

  • Émile Decoster, débitant de tabac de Bazincourt avait été témoin au mariage des parents de Lucien en 1902 : né à Bruxelles en 1860, marié à une parisienne, il exerçait dans la maison répertoriée n°52 en 1906 mais il n'était plus recensé en 1911 ;
  • On trouve en revanche au recensement de 1911, dans la maison numérotée 12, un épicier-débitant du nom de Léon Bourguignon, né en 1874 à Rosay (78) où il s'était marié en 1899 avec une blanchisseuse d'un autre village du sud de Mantes – son établissement qui fait aussi billard (au 14 de l'actuelle rue du Beauregard) fut aussi la mercerie Peugnez puis le café Parise ;
  • dans la maison n°22 (actuelle 1 rue du Beauregard) un François Nut, ouvrier en piano (puis à St Victor) né dans la Somme en 1863 et dont l'épouse, Marie Soufflet, née en 1864 dans l'Aisne, est débitante, et patronne d'un petit café sur lequel je vais revenir ;
  • dans la maison n°95, un Léopold Levasseur, né dans la commune en 1855 est aussi débitant, avec son épouse  Claire  née Maria Claire Sbarre en 1856 à Paris 18ème. A la différence des établissements Bourguignon et Nut, je n'en ai pas retrouvé de cliché. En outre la numérotation des maisons lors des recensements est très difficile à exploiter. La 91 est la dernière répertoriée comme relevant de Bazincourt, les suivantes relevant de Thierceville.

La famille de Lucien Lefebvre vivant en 1911 dans la maison numérotée 88, cette  Claire  a toutes chances , d'être elle-même débitante, d'être assez voisine de la maison des Lefebvre et d'être celle qui est mentionnée sur la carte postale adressée au tabac de Berneuil.

Ceci posé, il reste de nombreux problèmes à résoudre, les deux premiers relativement aisés, les suivants bien moins :

Pourquoi Lucien n'évoque-t-il pas toute sa famille?

Avec l'aide de Claire, la voisine du débit de tabac, il écrit au débitant de Berneuil avec de tendres pensées pour deux de ses sœurs. Pas un mot ni sur ses parents, ni sur la petite Madeleine. Où sont-ils ? Je l'ignore mais c'est probablement cette absence qui cause la situation et la dispersion de la famille en ce début de mois d'août. Notons aussi qu'en ce mois d'août qui est depuis toujours un temps de congé scolaire, Lucien est retenu chez lui parce qu'il n'a pas encore  son congé . L'usine n'employant plus d'enfants depuis des décennies, il peut travailler chez Claire, mais aussi au Saussart où d'près de nombreux clichés, il est probable qu'on employait encore des enfants.

QUI ÉTAIT MONSIEUR HERVET ?

Berneuil est un petit village proche d'Auneuil, en Bray, où l'on trouve deux frères Hervet venus de la Seine-et-Marne : Auguste né en 1857, qui semble avoir fait plusieurs métiers dont laitier puis épicier et marchand de vin et son cadet Arthur né en 1860, laitier.

En juin 1893 l'aîné, encore laitier de son état à 36 ans, a épousé à Berneuil une veuve de 45 ans et quelques mois, Félicité-Amélie-Césarine Bourguignon, cabaretière. Elle était née là en novembre 1847, fille de Julien-Louis Bourguignon et de Félicité Césarine Jorel. Les Bourguignon de Berneuil semblent établis depuis des générations et je n'ai pas trouvé de rapport avec le Bourguignon de Bazincourt mais cela ne prouve pas qu'il n'y en ait pas.

On trouve aussi à Berneuil un débit de tabac qui ressemble vraiment à une ferme. S'il n'était pas identifié au dos de cette photo par le nom de son exploitant près d'un demi siècle plus tard ( le café-tabac Guignet ) je n'aurais jamais pensé qu'il s'agissait d'un tabac.

Ce qu'on peut imaginer c'est que l'un des frères Hervet exploitait le débit de tabac et l'autre la ferme laitière. Peut-être d'ailleurs était-ce au même lieu. Et que pour une raison ou une autre (via les Bourguignon, ou du fait d'une relation entre Claire et l'un des frères Hervet ou simplement sur recommandation) les parents Lefebvre y aient mis, pour quelques jours (pour le temps des vacances d'été ?) une partie de leur encombrante famille, quelques mois avant l'arrivée prévue d'un 5ème enfant...

QUI SONT LES HOMMES FIGURANT SUR CETTE PHOTO ?

La question revient aussi à se demander pourquoi Lucien a choisi cette carte. Et je n'ai pas la réponse...

Le personnel du château du Saussart était assez nombreux. Certains étaient logés dans les dépendances. Mais pas tous, et il faut fouiller les recensements de 1911 et 1921 tant à Bazincourt qu'à Sérifontaine pour retrouver leurs noms et celui de quelques autres.

Le Saussart avant la Grande Guerre, c'est un peu Downton Abbey : un château impressionnant où vit une famille qui, à défaut de remonter en ligne directe jusqu'aux Croisades descend de suffisamment de Fermiers généraux d'ancien régime, d'officiers de Napoléon ou de notaires de la Restauration pour avoir un train de vie proprement aristocratique.

Autour de cette famille évolue une grande et mouvante tribu de domestiques, souvent parents ou alliés, venus des mêmes villages. Des couples s'y forment : Arsène-Marcel Lebrun, né en 1902 à Bosquentin et domestique à 7 ans épousera un jour Juliette Sonneck, née en 1899 à Amécourt et qui était domestique en même temps que lui en 1911. Plusieurs clichés plus connus que celui qui a suscité mes recherches montrent des domestiques, des jardiniers, des ouvriers agricoles.

Sur celui-ci on a probablement la gouvernante et quelques employés bourgeoisement habillés. On peut penser que si Lucien était le jeune homme à casquette (un garde) il aurait fait usage de cette carte, plus commune que celle dont il a usé et dont je ne connais qu'un seul exemplaire. Mais le jeune domestique peut aussi bien être le jeune Lebrun (né en 1902 comme Lucien) ou Charles Ferrer (né en 1896).

Si l'on en revient à la carte postale de Lucien il s'agit de jardiniers en sabots ou d'ouvriers agricoles. Un autre cliché (dont j'ignore la date) montre des travailleurs de la ferme du Saussart, vêtus de la même façon, mais il est pris de trop loin pour que l'on puisse reconnaître des traits et tenter une comparaison.

Le personnage portant le manteau et l'élégant col à coin cassé, est manifestement un homme plus important. Cela semble être un chauffeur (le comte de Fry m'avait confié qu'on venait surtout de Paris par le train) ou le régisseur du domaine. J'ai pensé un temps que cela pouvait être Joseph Chauvat, né en 1882, et qui apparaît avec cette fonction dans le recensement de Bazincourt en 1911. Selon ses papiers militaires, il ne s'est déclaré résident à Bazincourt qu'en octobre 1910. L'événement qui a nécessité la venue d'un photographe était-il l'intronisation d'un nouveau régisseur? En tout cas le personnel tournait : l'homme à la casquette est en réalité Auguste Dumont, chef de culture en 1906 et régisseur lors du mariage de sa fille en 1910 qui n'a peut-être pas donné satisfaction car il est devenu aide lamineur en 1911. De même Jean Bertrand, chef garde forestier est devenu gardien du parc du Douai de Graville à Gisors. Autant le dire tout de suite, Joseph Chauvat, qui a dû succéder à Dumont sera tué à Verdun en septembre 1918 . Sa femme Léontine a apparemment hérité de la fonction : elle a le titre de régisseur lors du recensement de 1921.

Les hommes vêtus en ouvriers autour de lui sont-ils ceux qui sont logés avec lui d'après le recensement de 1911 ?

  • Émile Duval, né en 1880 à Espaubourg, fils d'Arsène Duval, cultivateur et d'Angèle Delarue
  • Marius Duval né en 1876 à Espaubourg est certainement une erreur partielle ou totale d'inscription. Le précédent porte les deux prénoms de Émile et Marius.
  • Léon Feugueur, né de père inconnu à Bezu-la-forêt en 1886, pupille de l'assistance publique. Une forte tête : il a déserté durant son service, fait de la prison pour cela mais aussi pouir vol. Réformé en 1914 pour arthrite tuberculeuse il est mort à Gisors en 1916.

Il faut aussi regarder du côté du recensement de Sérifontaine.

Là aussi, je donne tous les noms parce que certains sont peut-être sur la photo et qu'une identification par l'un de mes lecteurs pourrait provoquer un petit miracle!

  • Georges Mouquet est né en 1879 dans un village à 20 kilomètres au nord de Rouen. Son signalement sur sa fiche matricule établie à 20 ans ne permet guère de l'identifier : front haut, nez moyen, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, 1m68. Domestique agricole, il arrive à Gisors en 1906, travaille au Château de la Rapée en 1909. Il ne reste jamais longtemps : en 1912 il est domicilié à Flavacourt, l'année suivante à Lyons. Il est mort pour la France en septembre 1915 dans le Pas-de-Calais.
  • Lucien Hubert est né en 1867 à Cellettes, un village du canton de Blois, fils d'un journalier. Il a sans doute vite quitté son petit pays. Au moment de faire ses classes, il vit à Bagneux où il est jardinier. A 20 ans il est décrit comme ayant  cheveux et sourcils châtains ; yeux châtains ; front rond ; nez long ; bouche moyenne ; menton rond ; visage ovale et mesure 1m67. Appelé en 1890, il s'installe ensuite à Bazincourt en 1893, fait une première période de rappel au 31ème RI en septembre 1894.

En avril 1895 il se fixe à Sérifontaine avec sa femme, Marie Simon qu'il épousée dans le Doubs et qui a trouvé un emploi de cuisinière au château. Leur fils René est né l'année précédente à Bazincourt. En octobre 1897 nouvelle période de rappel cette fois ci au 51ème RI. Libérable en 1913 il sera mobilisé, mais rapidement renvoyé dans ses foyers. Il est encore jardinier du Saussart au recensement de 1921 mais avec le titre de régisseur et il l'est toujours en 1926, mais il est simplement jardinier en 1931. Ayant retrouvé d'autres photographies de lui, je pense (notamment pour la mention  nez long ) pouvoir l'identifier sur celle de 1910 et même poser l'hypothèse qu'il est l'homme à la casquette sur celle de 1929.

Lucien Hubert est décédé à Sérifontaine le 30 juillet 1941, Marie en 1956, leur fils René à Yvetôt en 1976.

Revenons maintenant à l'auteur de la carte postale.

QU'EST DEVENU LUCIEN LEFEBVRE  ?

Le père de Lucien (Auguste Lefebvre) fut déclaré perdu durant la guerre avant d'être officiellement déclaré mort au front, sans doute dès septembre 1914, dans le Pas-de-Calais.

Au recensement de 1921, la famille de Lucien ne vit plus à Thierceville mais à Bazincourt, dans la maison numérotée 34 lors du recensement

Lucien est alors ouvrier à la CFM, puis, avant ses 20 ans, il est boucher. Il part pour le service militaire en 1923, devient caporal au 39ème RI avant d'être renvoyé dans ses foyers car il est soutien de famille. Sa fiche matricule le décrit assez grand (1m74) , cheveux blonds, yeux bleus, visage rond. Elle note aussi qu'il est musicien.

Il s'est marié en uniforme en janvier 1924 à Bazincourt avec Celine Antoinette Charpentier. Le père de celle-ci, Eugène Charpentier, était  domestique de ferme  et il était également décédé, mais chez lui, à Thierceville en décembre 1916. La mère, Louise Clémentine Delaplace est originaire de Bazincourt mais mère et fille vivaient à Bezons en région parisienne, peut-être depuis la mort du père. En 1911 ils étaient répertoriés dans la maison 111.

La photo du mariage, ci-dessous, a été prise à Bazincourt devant l'actuel 1 rue de Beauregard (à l'époque  rue Principale ); qui avait été le café Nut, répertorié en 1911 (maison 22) et en 1921 (maison 24). A quelques mètres sans doute de la maison de la veuve Lefebvre et de ses enfants (maison n°34 au recensement de 1921).

Sur la photo du mariage, on découvre Lucien assis entre sa mère (Marie d'Haëne) et son épouse. Postérieure de 14 ans (dont 4 ans de guerre) à la photographie prise au Saussart, cette noce ne permet pas d'autres identifications. A côté de Marie d'Haëne, la petite fille doit être Hélène Lefebvre, âgée de 9 ans. Les trois sœurs Lefebvre, Germaine, Madeleine et Jeanne figurent certainement sur la photo, avec le mari de la première, Charles-Elie Crépin, le promis de la seconde, Joseph Demay et le futur (peut-être déjà promis) de la troisième, Robert Charpentier... qui n'est autre que le frère de la mariée du jour.

Qui est l'élégant homme au chapeau melon tenant ici ici la place d'honneur du père de la mariée ? Ce pourrait être Robert, le petit frère de celle-ci, avec devant lui leur plus jeune soeur, Hélène, née un an avant la mort de leur père et donc âgée de 7 ans.

Claire, qui prenait soin du jeune Lucien en l'absence de sa mère, est-elle présente à la noce ? C'est possible : veuve depuis 1917, elle est toujours vivante, âgée de 68 ans, l'année du mariage. Dans ce cas, elle figure peut-être au premier rang...

Cette photo qui marque le début d'une nouvelle vie pour Lucien et sa femme marque peut-être aussi la fin d'un monde : au recensement de 1926, Françoise Nut est toujours là, mais veuve et ans profession ; les Lefebvre se sont éparpillés.

En 1925, Lucien est boucher à Bezons, sans vocation bien établie car deux ans plus tard il est perceur à Argenteuil, puis chauffeur à Magny-en-Vexin quelques mois en 1928 avant de s'établir cette année-là gérant d'une fromagerie au hameau de Butteau près de Chenou, en Seine-et-Marne, chez un certain M. Porcher.

En 1930 c'est à Chenou que nait leur fils Claude, avant une nouvelle installation à Rances (Aube), chez M. Dupin, puis dans une ferme du nom de Courcelles, proche de Colombey-les-Deux-Églises, chez Mme Dupin où il est manœuvre.

En 1935 il est à Chaucenne, près de Recologne dans le Doubs chez M. Demolombe (apparemment comme porcher, mais peut-être comme chauffeur de son patron, marchand de vin à Recologne, qui avait des caves à Besançon) puis au Domaine de Sappel à Labalme, un village proche de Bourg-en-Bresse, chez M. Foiry.

Il quitte cette région et s'établit vers la fin de 1938 ou le début 39 près de Bar-le-Duc, où sa fiche matricule s'interrompt.

Vers 1939 Lucien arrive au moulin à Boviolles (Meuse), d'où il part à la guerre qu'il fait dans le 39ème RI. Fait prisonnier, il reviendra libre mais, comme tant d'autres, la tradition dans sa famille assure qu'il ne sera plus vraiment le même homme après guerre. En fait, même avant la guerre, et sans être un vagabond (on a vu qu'il écrivait soigneusement et il a fait son service comme sous-officier) j'ai le sentiment qu'il était peut-être insatisfait de sa vie, ou à la recherche d'une vie meilleure.

Après guerre, Lucien s'établit alors à Brachay (en Haute-Marne) où est prise, peu de temps avant son décès le 21 mars 1959, cette photo du vieux couple. Céline Lefebvre née Charpentier elle-même y mourra nonagénaire en 1988.

Ils ont fait souche ensuite près de Dole dans le Jura. Certains de leurs petits enfants et arrière petits-enfants que j'ai pu retrouver en quelques semaines de recherches vivent toujours. Ce sont eux qui m'ont guidé vers d'autres cousins, toujours implantés en Haute-Marne, à qui je dois ces photos. C'est en Haute-Marne que sont allés vivre, aussi, Robert et Hélène Charpentier.

QUE SONT DEVENUS LES MEMBRES DE LA FAMILLE DE LUCIEN, LES LEFEBVRE ET LES CHARPENTIER ?

Pour ce qui est de la famille Lefebvre, la mère de Lucien était morte à Gisors en 1951, sans laisser d'actif taxable... Les autres membres de sa fratrie sont restés dans notre petit pays :

  • Germaine Lefebvre s'est mariée à Bazincourt en novembre 1923 avec Charles Élie Crepin (de Sérifontaine), elle est décédée à Gisors en 1984.
  • Madeleine Lefebvre s'est mariée à Bazincourt en septembre 1924 avec Joseph Demay, elle est décédée à Gisors en 1988.
  • Jeanne Lefebvre s'est mariée à Bazincourt en août 1925 avec Henri Charpentier (petit frère de sa belle sœur Céline) mais ce mariage a été dissous en 1933 ; elle est décédée à Gisors en 1989.
  • Roger-Marcille Lefebvre, qui était né en mars 1911 est décédé en 1965 à Éragny.
  • Noëlla Lefebvre, l'enfant posthume, est décédée à Caen en janvier 1989.

Et voilà tout ce que je sais, à ce jour, des personnages du monde de Lucien Lefebvre, petit garçon qui en 1910 écrivit quelques lignes sur une carte postale qui est désormais dans ma collection. Ce n'est pas beaucoup, et les personnages figurant sur sa carte postale restent largement à identifier. Mes lecteurs peuvent m'écrire pour m'aider !

Commentaires

1. Le mardi, novembre 21 2023, 15:45 par Virginie Sanson Lefebvre
Wahou, quel travail ! Bravo ! Merci à vous de m’avoir partager ce lien qui m’apprend beaucoup de choses sur l’histoire de ma famille ! C’est passionnant ! Je me souviens très bien de grand-mère Céline malgré mon jeune âge à cette époque ( avec ses longs cheveux blancs toujours attachés en chignon ) Je n’ai pas été d’une grande aide mais si j’ai pu apporter un petit grain de sable dans ce récit , alors j’en suis plus que ravie ! Bonne continuation à vous Encore merci Virginie
2. Le mardi, décembre 5 2023, 08:53 par Frédéric Fevre
Je tiens à vous remercier du travail accompli concernant le parcours de vie de mon arrière grand-père. Peut-être aurais-je un jour l'occasion de vous rencontrer et d'en parler. Encore merci, joyeuses fêtes à vous et à vos proches. M. Fèvre

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