23 - Une nuit à Sérifontaine
Par Jacques Favier le dimanche, septembre 15 2013, 22:11 - Identité de Sérifontaine - Lien permanent
Lorsque la Municipalité prit l'initiative de célébrer le centenaire de Madame Reymond, parmi les souvenirs évoqués il en est un qui m'a particulièremetn frappé : son époux et elle avaient découvert Sérifontaine en venant y passer d'abord des fins de semaine au Relais fleuri.
Ainsi donc, non seulement la doyenne des Sérifontainois était une étrangère, qui avait comme moi-même conçu d'abord cette cité industrieuse comme havre de paix, mais il y avait des hôtels où l'on venait passer le week-end ! Et en face d'une usine qui à l'époque n'était pas un cimetière... Pourquoi donc venait-on ou s'arrêtait-on à Sérifontaine?
Le réseau des relais de poste, institution qui se flattait de remonter à Louis XI, fut définitivement structuré au 18ème siècle, avec parution d'une carte nationale en 1782. Sur notre route, on trouvait un relais à Gisors et le suivant à Gournay. Ce n’est qu’en 1829 que le directeur des Postes décida de créer un nouveau relais à mi-chemin. Deux candidats se présentèrent alors, le fermier de Gueulancourt à la sortie de Sérifontaine, qui possédait 15 chevaux, et Monsieur Vaudran, maire de Talmontiers à qui il fut attribué, officiellement du fait de la meilleure répartition des distances. A son décès en 1839 c'est un autre habitant de Talmontiers, Monsieur Bordeaux qui obtint la charge et la conserva jusqu'à la fermeture du relais en 1865. La Poste à cheval ne faisait donc pas halte à Sérifontaine.
Cela n'empêcha pas l'établissement d'auberges. Sur l’emplacement de l’actuel parking, rue Pierre-Eugène Boyer, il y avait un relais de diligences dont les écuries sont toujours visibles, au fond de la place à droite de l’entrée de l’Hôtel de la « Grâce de Dieu » qui, lui continua de fonctionner après la fermeture du relai, et jusqu’à la guerre de 1914.
Avec le train, des hotels s'installèrent à proximité de la Gare, souvent à l'étage au dessus de cafés tel l'Hotel de l'Ouest au café Lefebvre, puis Bréhier (ce fut ensuite une boulangerie, aujourd'hui désaffectée).
Modestes hôtels, sans doute, à mi-chemin entre la pension et le relais pour voyageurs de commerce ou demi-vagabonds : ainsi en 1920 un homme se donnant pour ancien lieutenant d’infanterie coloniale, après avoir passé quelques jours comme pensionnaire chez plusieurs hôteliers différents de Sérifontaine, disparaissait sans les payer.
Mais le plus durable de tous fut l'établissement Lessertisseur, installé à l’angle même de l’avenue de la Gare (aujourd’hui du 8 mai 1945) et qui changea plusieurs fois sa façade, tantôt « Hotel », tantôt « Café Restaurant ».
Les voyageurs étaient encore attendus avec des voitures à cheval…
La mention du téléphone (le 5) fit son apparition sur l’une des nombreuses cartes postales.
On note surtout ici que bien avant le concept de village fleuri, et en plein hiver, les commerçants avaient à cœur d’embellir leurs terrasses.
Entre les deux guerres, l’Hotel était tenu par Maria Monnier née Villedieu, seule avec ses quatre filles. Devenu le Petit Relais puis le Relais Fleuri il survécut plus longtemps que les autres. Les anciennes écuries furent remplacées par des annexes pour le café et les jeux. Ses derniers exploitants furent M. Girandier, gendre de Madame Monnier, puis Michel Zwaenepoel.
Il est aujourd'hui bien triste à voir, comme la Gare voisine.
Deux photographies nous conservent le souvenir de l’intérieur de l’établissement après la dernière guerre.
Si le bar était de type ouvrier, la salle à manger coquette pouvait effectivement être une étape dominicale gourmande où s'arrêter un instant et taquiner la truite dans la rivière .
Un de mes lecteurs aurait-il conservé une photo du nid d'amour à l'étage?
Quoi qu'il en soit, cette fonction là est désormais dévolue aux chambres d'hôtes et autres gites: de Sainte-Marie à Guerquesalle, en passant par Sérifontaine.
Ces petits havres d'évasion bucolique accueillent encore des couples venus chercher, chez nous, un instant de détente autrement qu'en camping car. Savons-nous les attirer? les accueillir? Saurions-nous les retenir comme Sérifontaine retint M. et Mme Reymond dans les années 1950 ?
On peut encore trouver à Sérifontaine un petit instant de poésie au hasard d'une rue ...
cet après midi, rue du Four, au milieu des passants...
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Dans le cadre de la semaine nationale: bio et local c'est idéal