6- C'est la foire !

On parle beaucoup du marché ces jours-ci. Vaste sujet ! Outre la commodité et l’animation, c’est aussi une affaire de statut : sans marché Sérifontaine n’est finalement qu’un gros village.

C'est il y a presque 500 ans que le roi nous accorda un marché hebdomadaire et trois foires annuelles. Mais ceci se perdit bien avant la Révolution, et au fil du temps il ne resta qu’une foire (mercerie, bijouterie, faïences) le 9 octobre pour la Saint Denis. Plus tard cette fête patronale fut remplacée par une fête communale, le 1er dimanche d’octobre.

L’idée de ressusciter le marché ne date pas d’hier ! Les nombreuses boutiques que l’on voit sur les cartes postales étaient bien trop petites : en 1877 on tenta déjà de restaurer un marché. Aujourd’hui le marché est essentiellement conçu comme un remède administratif à la dévitalisation économique. Mais un marché c’est une longue construction historique : l’échec des récentes tentatives l’illustre, comme la permanence de marchés à Gisors et Gournay. C’est bien d’avoir une halle, mais ce n’est pas déterminant. Il y a un marché à Tombouctou depuis des siècles, au croisement de routes caravanières sur lesquelles convergent en même temps des clients solvables et les marchandises que ces clients recherchent. C’est cela l’essentiel ! Ça ne sert à rien de créer un marché le soir si les gens sont devant leur télé, ça ne sert à rien d’ouvrir un petit marché le jour où s’en tient ailleurs un grand attirant les meilleurs commerçants, ça ne sert à rien d’ouvrir un marché qui ne présente que des pacotilles.

N’est pas roi de France qui veut : il faudrait négocier avec les principaux marchands utiles (boucher, charcutier, fromager, poissonnier, fruitier et quatre saisons). Il n’y aura pas de marché si on ne marchande pas d’abord avec eux : quel jour souhaiteraient-ils venir chez nous, pour que cela leur soit utile ? De quels aménagements, de quels espaces, de quelles facilités (branchements électriques, ramassage des ordures etc) ont-ils besoin ? Il n’est pas sûr que la halle leur paraisse idéale : trop petite et placée dans un recoin, alors que toutes les halles anciennes étaient au centre des villages. Il paraît évident que la place du marché serait la rue Alexandre Barbier avec peut-être l’espace devant la bibliothèque. J'ose à peine le rappeler mais il est bien rare d'avoir un marché là où il n'y a pas de boutiques: que devient la charcuterie? le local Griffon? les commerçants actuels devraient être fortement impliqués. Enfin nous avons la chance d’avoir une superette : il faudrait l’associer à cette réflexion. Pareillement pour quelques producteurs locaux…

Au-delà du marché (a priori hebdomadaire, sans quoi l’habitude ne se prend pas) on parle maintenant de foires. Très bien, à la condition d’avoir une idée originale : l’essentiel est qu’il n’y ait rien d’équivalent dans l’année et dans un rayon de 40 kilomètres ! A noter que chez nous comme ailleurs, la foire se tenait un jour de fête religieuse, ce dont nous pouvons comprendre deux choses : d’abord que ce doit être une fête, et ensuite que l’homme ne vit pas que de pain et qu’il faut autre chose qu’une occasion de consommation. Faire la foire : rencontres, distractions... On attire les marchands avec des clients, et les clients avec des cadeaux, de la musique, des événements. A tout prendre la minuscule halle ferait un kiosque à musique ou à spectacle très convenable, et l’église, enfin ré-ouverte, pourrait aussi offrir un concert. Le parc aussi pourrait accueillir bien des attractions, s’il était équipé pour cela et … s’il ne donnait pas sur un repoussant cloaque.

Mais ceci est une autre histoire !

Commentaires

1. Le lundi, août 20 2012, 22:04 par Bernard Bouffart

Il me semble que c'est François Premier qui a accordé l'établissement d'un marché hebdomadaire et de trois foires annuelles à Sérifontaine en décembre 1521. Cet édit aurait été confirmé par la suite en 1568 par Charles IX . La dernière foire a disparu à la fin du XIXème siècle : elle avait lieu le 9 octobre. C'est aux environs de cette date qu'à lieu la fête communale . Quant au marché qui se déroulait le jeudi il a cessé vers la fin du XVIIIème ne pouvant subsister par rapport à la concurence de celui de Gisors ?
L'histoire dit-on est un éternel recommencement !

BB

Tout cela est vrai. j'ai un doute sur le jeudi, n'était-ce pas le vendredi? Quant au succès du marché de Gisors il était tel que même le sel de contrebande s'y trouvait certains jours au nez et à la barbe des receveurs.

JF