79 - Notre plus ancien cadastre (1831)

Je suis particulièrement heureux de pouvoir mettre ici en ligne un document essentiel pour l'histoire de notre commune, et ceci d'autant plus que le premier exemplaire de notre cadastre, ce que les historiens appellent le « cadastre napoléonien », versé en son temps aux Archives de l'Oise, a disparu dans la tragédie de 1940 à Beauvais.

Voici donc, récemment exhumées de nos archives municipales, douze feuilles de ce plan cadastral tracé dans la première année du règne de Louis-Philippe, sous le mandat du meunier Élie Vinot, maire éphémère de notre commune, alors que les toits d'ardoises commencent à remplacer ceux de chaume et que le Baron d'Arlincourt entreprend de transformer le destin de Sérifontaine. Ce plan est achevé sur le terrain 1er octobre 1831 par le géomètre Ballin.

Je dois remercier très vivement l'archiviste de la municipalité de Sérifontaine ainsi que le membre du Conseil Municipal qui a pu faire assurer par un atelier d'expert la reproduction numérique de ce trésor.

Pour avoir eu la joie de le consulter en original, je dois espérer que mon expérience reste... un petit privilège. Car c'est un document ancien, fragile, dont les feuilles de plus de un mètre de large doivent être tournées avec précaution. Mais ce privilège, la numérisation permet de le faire partager à tous !

Pour pouvoir être mises en lignes, les images ont été réduites et numériquement comprimées (mon site ayant une limite à 8Mo par image). Même ainsi, elles peuvent être longues à afficher, et difficiles à consulter directement. Je recommande de télécharger les vignettes en grand format, et de les examiner ensuite avec une visionneuse plutôt qu'avec un navigateur.

Mais je détiens, et la Mairie détiendra, les mêmes images à l'échelle, et néanmoins en très haute définition (400 ppp). Ceux qui souhaiteraient un agrandissement de tel ou tel détail pourront donc se le procurer sans faire « souffrir » l'original.

Une chose utile pour regarder ces plans : contrairement à ce qui serait fait aujourd'hui, les planches ne sont pas « orientées » avec le Nord tourné vers le bord supérieur de la page. Celui qui veut « s'y retrouver » a donc tout intérêt à regarder d'abord la boussole, d'autant qu'elle est différente pour chaque planche ! Évidemment bien des rues ont changé de nom, parfois même de tracé exact. Enfin les numéros de parcelles ont été changés plusieurs fois, et notamment lors du remembrement de 1954. La pavillonisation du paysage d'un Sérifontaine passé du rural au péri-urbain a évidemment amené bien des découpages de parcelles anciennes.

Encore un mot : spontanément, chacun va chercher une maison, la sienne, celle de son enfance, de ses parents. Or il y en a peu, en 1831, et surtout si l'on prend l'ensemble des 12 planches. Nos ancêtres portaient peut-être plus d'attention à la terre, méticuleusement bornée, avec un nombre incroyable de noms de lieudits, de champs, de vals etc... qu'à la pierre. Et puis, il faut s'en souvenir, le cadastre n'est pas là pour faire joli, mais pour permettre à l'administration de taxer le foncier, qui est encore, à l'époque, la principale richesse ! D'ailleurs, comme le remarqueront avec un pincement au coeur les plus anciens, il n'y a pas d'usine, mais seulement un moulin. Notons aussi que ce document a servi à organiser la modernisation, puisqu'on y découvre (sans doute marqué au crayon) l'axe du futur chemin de fer, de plusieurs décennies postérieur.

Commençons par le début, à savoir par le tableau d'assemblage c'est à dire par le plan d'ensemble. Attention la carte est littéralement « orientée », c'est à dire Est vers le haut.

Voici l'actuelle entrée Sud du bourg par la D915, au niveau du lotissement de la Vigne. A noter qu'une partie de la surface est ici grisée, et développée sur la feuille suivante.

On trouve donc ici le coeur même du village ancien, autour de son église. On note tout de suite une pièce d'eau beaucoup plus importante que ce qui en a été conservé, et le rû de Sérifontaine, au niveau de l'actuelle boulangerie.

Bien des bâtiments ont changé de forme, à commencer par le château, lui aussi plus vaste que ce qui en reste aujourd'hui (voir son histoire ici) . Il n'est pas évident que la tourelle en forme de pigeonnier qui a été conservée sur l'actuelle bibliothèque municipale soit antérieure à 1831 ! On voit aussi le mot Mairie porté au crayon, qui prouve que ce cadastre conservé par la ville a servi de plan d'aménagement.

Cette feuille malheureusement tachée (à l'emplacement de ma maison!) couvre la rue de Cocagne et la rue Parmentier.

Nous trouvons ensuite la partie nord de l'actuelle rue PE Boyer, vers la zone toujours appelée « derrière le Presbytère », même si ledit Presbytère a changé une dizaine de fois d'emplacement depuis cette époque.

Viennent ensuite les sorties hameaux, écarts et fermes rattachés à la commune, mais aussi les bois qui l'environnent

Voici les écarts de Bourguerelle et de Champ-Mauger aussi anciens que le bourg.

Encore plus loin, on trouve une feuille centrée sur la Ferme de Courcelles.

Une feuille est centrée sur la Ferme de Champignolles qui est peut-être le premier site occupé par l'homme dans notre commune, et dont j'ai publié par ailleurs un plan privé plus ancien puisque établi en 1798.

Non loin, une autre feuille représente les confins de Flavacourt, du côté de l'actuelle ferme de la Folie.

En redescendant vers la route, voici Droittecourt, fort différent de son apparence actuelle puisqu'avant les constructions de Kriegelstein sur la route de Dieppe, l'ancienne commune indépendante (réunie en 1825 seulement) était essentiellement bâtie le long de l'Epte.

Enfin une feuille est centrée sur le Bois de Sérifontaine, à la sortie Est (route du Coudray)

Bien des Sérifontainois ne trouveront donc que champs et prairies là où est aujourd'hui construite leur maison. La Cité Sainte-Marie (évoqué ici) n'existe pas, ni le lotissement de la Vigne (à laquelle j'ai également consacré un billet, ici) . Ce cadastre permettra néanmoins à tous de mesurer l'expansion de notre commune sur près de deux siècles, et la permanence en son cœur de la petite paroisse de Cérifontaine.

Commentaires

1. Le jeudi, décembre 3 2020, 07:45 par Bernard BOUFFART

Un travail remarquable et un document exceptionnel est mis à la disposition de tous les amateurs d'histoire dont je suis grâce aux nouvelles techniques de numérisation mais aussi à l'historien que vous êtes. Merci M. Favier !

2. Le mardi, décembre 8 2020, 11:20 par JacquesAgra

Je me suis éloigné de Sérifontaine, mais j'ai encore quelques souvenirs et amis. Ce genre de document me passionne , hélas il faut ''interpréter'' certaines informations, les photos sont plus parlantes, mais en 1831 pas de photos concernant mon ancienne maison, 

Je constate que certaine parcelles, mentionnées dans l'acte de propriété et avant la renumérotation , existaient déjà mais surtout que la maison a été agrandie ou reconstruite , qu'un bâtiment a été démoli et aussi que les garages/remises actuels n'existaient pas, ainsi que les bâtiments accolés du Dr Masson.

Je suis toujours intéressé par votre blog, erci de me conserver dans vos contacts.

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