25 - Puisque l'on parle de Musée...

Au moment où des élus de Sérifontaine nous avouent, surpris par l'événement, qu'ils imaginent faire tenir un Musée dans un hall de gare, je suis revenu vraiment admiratif de la belle ferme du Boulleaume où, une fois de plus, l'Association Le Pétillon a réussi le tour de force d'un événement à la fois festif, ludique et culturel. L'exposition de cette année s'intitule " Vexin et Thelle d'hier, terres d'entreprises".

Comme lors des précédentes manifestations, le Pétillon a édité un livre, une mine de renseignements, que je conseille à mes lecteurs d'aller acheter avant qu'il ne soit épuisé !

le livre de l'exposition

La première chose qui frappe en l'ouvrant, c'est le nombre de ceux qui ont collaboré, prêté des documents (plus de cent familles), écrit des notices, apporté leur témoignages (plus de 160 témoins )... ou porté les meubles pour que l'événement ait lieu, et du coup le nombre des concours dont ils ont légitimement bénéficié de la part d'une vingtaine d'associations, du Conseil Général de l'Oise ou de la Communauté de Communes du Vexin Thelle.

Si l'érudition elle-même n'est pas dissociable d'un travail d'équipe incluant l'échange de renseignements, combien plus la culture populaire, destinée à développer le lien entre voisins, habitants à un titre ou un autre d'un même "pays", doit-elle s'inscrire dans un processus collectif, amical, associatif !

C'est de cette dimension là aussi que vient le succès: plus de 400 personnes samedi soir pour l'inauguration, autant le lendemain

une des salles

venues pour admirer des machines d'hier (nombreux tracteurs Massey-Harris datant d'avant 1953) ou d'un autre âge, comme cette spectaculaire ligne à nettoyer les grains de la maison Lhuillier de Dijon

machine lhuillier

ou pour écouter le piano mécanique de 1911 actionné par Madame Briand (avec des pièces en francs!)

Madame Briand au piano

Beaucoup de choses intéressantes en relation avec Sérifontaine. Bien sûr des photos (prêtées par M. Émile Vasseur ou issues de ce blog, et sur lesquelles certains reconnaitront des collègues ou des proches), mais aussi des vitrines d'objets souvenirs... nostalgie tréfimétaux

...et également des documents concernant la puissante société "la Vieille Montagne", très présente à Bray-et-Lû, mais qui joua aussi un rôle furtif chez nous à Saint-Victor et surtout à Droittecourt. Et sur Droittecourt, bien sûr, "le" piano de Kriegelstein, présenté ici par une curieuse relique et par quelques photos.

un morceau de chez Kriegelstein

Une large place est faite au site de Saint-Charles, depuis la photo de Jean-Charles Davillier jusqu'aux transformations de son usine sous Organon.

En passant ainsi d'une photo à l'autre, le visiteur passe de l'émotion sur ce qui devait disparaître (les métiers pénibles de jadis comme celui des carriers et chaufourniers, bien représentés à l'expositon) ou des petites industries de tabletterie et de brosserie...

le four à chaux

...à la nostalgie et à l'indignation sur ce qui a disparu et continue hélas de disparaître sous nos yeux. Mais les révoltes de jadis, les luttes même violentes comme le furent celles des ouvriers des fabriques de bouton de Méru en 1909, ne sont pas absentes de l'exposition.

les troubles de Méru

En scrutant les visages disparus, les outils oubliés, aux noms parfois inconnus, on se dit : ces gens avaient une industrie, c'est une part de vie, de dignité collective, peut-être de souveraineté... que nous perdons. Et puis dans un coin, sur une des innombrables photos de groupe prises devant les usines, ce petit détail qui en dit long sur une forme de bonheur : un chien dressé, les pattes dans les mains de son maître, et qui pose avec les ouvriers.

J'en ai assez dit. Allez-y, avec vos enfants (crêpes, petit train, musique) lors des deux week-ends prochains.

La comparaison est cruelle avec ce qui se passe à Sérifontaine. Si la fête "39-45" de juin dernier fut un succès (mais là-aussi, sans doute, du fait de la participation d'associations et de passionnés) la foire médiévale du 15 septembre, malgré ce qu'ont pu en dire des journaux assez bienveillants, fut un désastre.

la fête médiévale

un banquet sans convives

Et pourtant la chose n'était pas sans mérite. Et l'Association "la Mesnie de Lug" propose une attraction de qualité, qui quelques semaines plus tôt, à Pierrefonds, rencontrait un vif succès.

Pierrefonds août 2013

Mais se contenter d'inviter (ou de payer) des animateurs culturels ne suffit pas à animer une communauté. Les gens ne viennent pas seulement "pour voir" et la Municipalité ne peut pas se contenter de "commander" de la culture comme on commande des forains ou un défilé de schtroumpfs.

Qu'en serait-il d'un Musée? Soyons sérieux : on ne disposera pas de mécènes capables d'acheter les pièces nobles de notre passé lorsqu'elles passent en ventes publiques

la Marquise par Peter Hall Athénaïs d'Arlincourt à gauche : la Marquise de Flavacourt par Peter Hall, vente Christies à Londres en mai 2000
à droite : Athénaïs d'Arlincourt par Nicolas François Dun, vente Christies à Londres en juin 2003

La Municipalité n'a rien sauvé de ce que contenait le vieux château ni rien acquis lors de la vente des meubles du Saussart en juillet 1987. Comme je l'ai écrit dans mon billet précédent, à Sérifontaine on casse. Alors, certes, on pourrait déjà avantageusement exposer dans un lieu propre et ouvert au public des petits morceaux de notre histoire qui pourissent dans l'église...

le corbillard

...ou que j'ai vu dormir au grenier de la Mairie, comme cet étonnant buste de Napoléon III en papier mâché (avec en prime les bustes d'Eugénie et du Prince Impérial, ce qui est plus rare) et que l'on jettera un jour parce qu'ils seront trop détériorés...

l'empereur caché

et aussi de magnifiques plans que l'on pourrait extraire des archives municipales, des outils de l'usine, des souvenirs lors des décès de nos anciens, etc, etc. Mais à quoi bon ?

Sans un profond effort de vie associative, sans une volonté tenace de faire vivre cette commune par l'esprit, rien ne se passera.

Une idée cependant : si le site de la Gare peut, comme mes lecteurs le suggèrent, servir à de petites choses quotidiennes, pourquoi n'irait-on pas demander à KME le site de l'usine? On n'est pas obligé de tout transformer en zone de stockage. On pourrait y créer un espace culturel et le mettre à la disposition d'Associations qui, comme le Pétillon, comme la SHGBE, comme l'Association qu'anime Michel Mille dans le Bray apporteraient un peu de vie dans ces vieux murs et une émulation entre nous pour construire un Sérifontaine cohérent avec son histoire et fidèle à ses valeurs ?

un lieu culturel?

Commentaires

1. Le mardi, octobre 1 2013, 09:26 par Fernand

Pour la fête médiévale, si on veut donner de l’importance à un événement il faut le préparer et comme beaucoup de choses dans cette commune tout a été fait à la dernière minute, sans concertation, sans communication. D' autant plus que l’on a des outils culturels (pas beaucoup je vous l’accorde) qui auraient pu participer à l'événement. Mais qui malheureusement n’ont pas été sollicités. De plus, pour aller à un spectacle, il faut un minimum d’affichage, et en ce qui concerne le camp du moyen-âge je n’ai pour ma part pas vu de fléchage (pour les fêtes familiales faites sous la halle marchande, la signalétique est plus développée). Et la plaquette qui était à la boulangerie était tellement mal faite que l’on ne savait pas si c’était un camp moyenâgeux ou un camping !

2. Le lundi, janvier 27 2014, 06:39 par Olivier Vô-Tân

Parlant de la réindustrialisation du site de Tréfimétaux, Monsieur le Maire indiquait dans un article de l'Eclaireur du Pays de Bray paru dans la foulée de son annonce au Conseil municipal, comme possible de partager l'endroit selon le coté récent ou ancien des bâtiments, allotir en une ou plusieurs parties les terrains et bâtiments en conservant les plus récents pour réemploi facile et rapide, et démolir la (les) partie(s) ancienne(s).
Bien sûr ce ne sont que des projections hypothétiques en cas de projet(s) de reprise(s) et encore faudrait-il que la municipalité ait effectivement la "main" et droit de "vie ou de mort" sur le bâti ... en tant que propriétaire qu'elle n'est , semble-t-il pas à l'heure actuelle.
Admettons pour autant que ces velléités puissent voir le jour...
Je suis moins pointu que vous sur la question du patrimoine - en l’occurrence industriel - mais il me semblait que certaines parties - entre autres ? - de fenêtres à ogives en briques étaient anciennes et constitutives d'une architecture particulière à la région et à une époque.
Il reste pourtant, à quelque œil attentif, quelques vestiges anciens de-ci, delà, plus au moins en état, voire envahis par les broussailles ou frôlant la ruine.
Sans vouloir tout conserver à tout crin, il ne reste hélas que peu de témoins architecturaux du passé et du patrimoine collectif à Sérifontaine.
Démolir pour démolir, la (les) municipalités ont eu tendance à faire "table rase du passé", en gommant d'un coup de bulldozer ou de scie circulaire nombre de souvenirs jalonnant l'histoire de Sérifontaine (arbres centenaires et/ou remarquables, aire de lavage et d'abreuvoir des véhicules attelés devant la pharmacie, lavoir devant la boulangerie, arbres jalonnant la D915, passerelle du canal, et cætera... .
Il ne faudrait pas que, là encore, on rase plus vite que son ombre, sans réflexion.
Et que de Sérifontaine ne subsiste principalement qu'un ensemble pavillonnaire, sans âme.

Selon l'adage, ou la culture ancestrale asiatique, un présent sans racines, sans passé, peut-il être porteur d'avenir ?

Olivier Vô-Tân

Je ne peux que vous donner raison. J'ai noté les mêmes fenêtres à ogives  sur le site "frère" de Dangu, dont le petit bâtiment a été bien entretenu.

La partie ancienne de l'usine serait même l'endroit naturel pour un "Musée de Sérifontaine". D'abord parce que l'endroit est assez vaste pour cela alors que la Gare et même le vieux château sont exigus, et puis parce que ce fut le vrai "coeur" d'un siècle et plus de notre histoire, sur le site millénaire du Moulin Saint-Victor. JF

3. Le mercredi, janvier 29 2014, 21:22 par Olivier Vô-Tan

Ce mercredi 28 janvier un article sur le musée dans l'Eclaireur : c'est un plagiat de vos propositions, relayées pourtant sur le site, que n'a pas pris la peine de consulter la journaliste.
Elle attribue donc la paternité de l'initiative à la mairie sans vergogne ni un minimum de recherche journalistique sur la question, à moins qu'elle ne fasse un article "commandé"
OVT

Qu'importe... les bonnes idées avancent, et je ne brevète pas les miennes. JF


4. Le lundi, février 10 2014, 09:16 par Bernard Bouffart

En accord avec Monsieur Favier je pense que toutes les idées d'où qu'elles viennent doivent être examinées et retenues quand elles nous paraissent bonnes. Quant à leur paternité elle est le plus souvent pluraliste ou convergente, mais ce qui m'importe le plus c'est d'assurer la diffusion et le cheminement de ces idées dans les esprits jusqu'à obtenir ( peut-être? ) leur application.

Bernard Bouffart

Cher Monsieur Bouffart, je vous lis entre les lignes. Tant que les élus ne volent que des idées, ce n'est effectivement pas pénal. Mais de là à dire que la "paternité est pluraliste ou convergente" alors même que le gouvernement que vous soutenez s'enlise dans la guerre familiale, c'est assez maladroit ! Ce qui est à vous c'est l'idée de restaurer les croutes saint-sulpiciennes de l'église (quand l'église elle,même, monument historique, aurait tant besoin de soin): et de cette idée même, où en êtes-vous? 

5. Le mardi, février 11 2014, 07:45 par Bernard Bouffart

Les aides financières pour la restauration de l'église ont été demandées, dans un premier temps pour la restauration du retable et la statue de saint Martin. Mais si le Conseil Général dans sa grande bonté... qui sait ? Comme trop souvent hélas il faut savoir être patient. 

Quant à être maladroit je suis effectivement bien à gauche !

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